Refus d'enregistrer des noms Amazighs, jusqu'à quand ?

De nombreux cas révèlent que les citoyens marocains doivent faire face au refus des autorités d'enregistrer leurs noms amazighs sur les documents officiels. Des noms, tels Bahac, Damya, Diyia, Mayssa, Guraya, Yuba, Ijja, Aderfy, Amzin, Idir, Massinissa, Tihia, Tinass, Taynust, Sifaw, Massin et autres semblent être catégoriquement interdits d'entrée sur les registres de naissances, de mariage et de décès.

Chakib Benmoussa, Ministre de l'Intérieur, a réfuté toute allégation de discrimination, disant que dans la Haute-Commission pour le Statut Civil, l'organe en charge d'approuver ou de rejeter les choix potentiels de noms, "il n'y a aucune restriction sur le choix des noms, et il n'existe pas de liste restreignant la liberté publique à ce sujet".

Et au contraire, Benmoussa, désireux d'expliquer comment la commission procède dans la reconnaissance ou le rejet des noms, s'appuie sur la loi No. 37-99, qui stipule que "le nom choisi par la personne qui déclare la naissance...doit être marocain par nature et ne doit être ni un nom de famille, ni un nom constitué de plus de deux prénoms ; ce ne doit pas être le nom d'une ville, d'un village ou d'une tribu ; et il ne doit pas être tel qu'il soit susceptible de troubler la moralité et l'ordre public".

Les activistes amazighs répondent que la liste des noms rejetés devient chaque année plus longue. Sur les 88 cas examinés par la commission en 2007, . Benmoussa dit que 75 ont été acceptés. Thirteen, malgré tout, a été rejeté parce que considéré comme un nom amazigh "non-marocain". Les exemples les plus récents de noms rejetés comprennent les prénoms Illy, Tilili, Chaden, Dihia. Ces noms, définis comme non-conformes à la loi, sont transmis à tous les bureaux d'enregistrement du Maroc, à ses ambassades et à ses Consulats à l'étranger.

Les citoyens marocains Farid El Mouchni et sa femme ont découvert, en mars, qu'ils ne pouvaient inscrire le nom de leur fille, Chaden.

Farid raconte aux journalistes que trois mois après sa naissance, sa fille n'a toujours pas de nom en raison de l'opposition de l'ambassade marocaine à Madrid, où vit la famille, qui dit que Chaden est un prénom interdit par la Haute-Commission du Statut Civil.

"Je ne comprends pas pourquoi on ne m'a pas autorisé à appeller ma fille Chaden, étant donné qu'il ne s'agit pas d'un prénom moralement offensif, et qu'il ne va pas à l'encontre de toutes les règles", dit-il, ajoutant qu'il a fait appel auprès des officiels de l'Etat marocain et de l'ambassadeur du pays à Madrid, mais en vain. I

La famille El Mouchni n'est pas la seule.

Dans la ville d' Al Hociema, au nord-est, la famille Nouizia s'est battue en vain pendant cinq ans pour enregistrer le nom de son enfant – Sifaw. A Errachidia, c'est le prénom Tihia qui a été terrassé.

En juin 2007, les autorités d'Agadir ont refusé d'enregistrer le prénom "Illy". Après plusieurs tentatives, les parents d'Illy ont décidé de faire appel à la Justice, et ce cas est actuellement entendu.

Les activistes amazighs disent que ce refus des prénoms amazighs est une forme de discrimination.

Rachid Rakha, membre du Congrès Mondial Amazigh, dit à Magharebia que le rejet des prénoms amazigh est une "injustice" faite à l'encontre de l'avenir de l'identité amazigh

"Ces noms amazighs n'excitent aucune notion de haine, ne défient pas la moralité ou l'ordre public. C'est presque le contraire ; puisque ces noms rappellent la culture, l'indentité, l'histoire amazighs, et de grands personnages historiques," ajoute-t-il.

Les mouvements amazighs au Maroc se sont unis solidairement contre les actions gouvernementales et ils ont contacté un certain nombre d'ONGs nationales et internationales, afin d'attirer l'attention sur cette question.

Au Parlement, trois députés du Parti du Renouveau et de l'Equité ont proposé un amendement à la loi 37-99, visant à mieux protéger les droits du nouveau-né marocain à avoir un prénom légitimement reconnu, choisi selon le désir de ses parents ou de son tuteur légal.

El Taeïbi, infirmière à Casablanca, dit à Magharebia que la réaction des amazighs face à l'interdiction des prénoms qu'ils ont pu choisir est naturelle. "C'est malheureux et cela me paraît injuste, et le problème doit être reconsidéré". 
 
                                                                               Amazigh    
   


13/01/2009
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